Albertine Badenberg

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Albertine Badenberg
Fonction
Députée au Landtag de l'État libre de Prusse
-
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Steele (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 92 ans)
EssenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Parti politique
Distinction

Albertine Badenberg, née le à Steele et morte le à Essen, est une enseignante et une militante féministe. Elle participe activement à l'Association des femmes catholiques allemandes. Après l'obtention du droit de vote pour les femmes allemandes, en 1918, elle s'engage en politique dans le Parti du Centre et siège comme députée au parlement prussien (Landtag) de 1924 jusqu'à son abolition en 1933.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Albertine Badenberg est née le 29 décembre 1865 à Steele, qui est alors une ville industrielle près d'Essen, au cœur de la Ruhr en pleine industrialisation, dans une famille catholique bourgeoise. Son père, Albert Badenberg (1831–1888), est architecte et géomètre et sa mère, Auguste Koeck von Stuckimfeld (1838-1922), est issue d'une famille aristocratique de Vienne. Elle et l'aînée d'une fratrie de sept frères et sœurs[1],[2].

Albertine Badenberg quitte l'école de filles à l'âge de quinze ans et passe les deux années suivantes en Belgique et au Royaume-Uni pour apprendre le français et l'anglais. Elle suit ensuite une formation pour enseignantes à Coblence et réussit ses examens finaux en 1885, ce qui la qualifie pour enseigner dans des collèges et des lycées (pour filles)[2]. En 1886, elle devient enseignante à Steele et, en 1887, prend la direction de l'école allemande de Gênes, mais retourne en Allemagne en 1888 à la suite du décès de son père. Elle se retrouve à l'âge de 22 ans responsable non seulement de subvenir à ses besoins, mais aussi ceux de sa mère et de six frères et sœurs plus jeunes[2].

Le féminisme dans un contexte catholique[modifier | modifier le code]

À son retour à Steele, Albertine Badenberg s'engage plus activement dans l’Association des enseignantes catholiques (Verein katholischer Lehrerinnen, VkdL)[2]. Elle devient membre du conseil d'administration en 1898. L'association s'engage pour la formation d’enseignants qualifiés et pour l’amélioration du statut des enseignants. En 1907, elle demande que les femmes puissent entrer à l'université - ce qui n'est possible en Prusse qu'en 1908 - et fait campagne pour l'égalité juridique et financière entre les enseignants et les enseignantes. Pour améliorer la visibilité de l'association, elle propose la création d'un magazine, ce qui est fait en 1900 avec Christliche Frau (Femme chrétienne) qui devient la voix du mouvement des femmes catholiques, face à Die Frau, édité par Helene Lange, de tendance libérale[2]

En 1894, Albertine Badenberg crée un service de placement d'enseignantes catholiques en France et en Angleterre[2] et en 1896 un service de conseil juridique pour les membres[3].

L'Association des femmes catholiques allemandes[modifier | modifier le code]

Albertine Badenberg joue un rôle important en 1903, dans la fondation de l'Association des femmes catholiques allemandes (Katholischer Deutscher Frauenbund, KDFB). Cette initiative rencontre une large opposition au sein du courant (de) catholique. « Sortir de la maison pour aller aux conseils d'administration et aux réunions électorales est un échange très douteux. [...] Les souhaits et aspirations sociales des femmes sont très bien traitées entre les mains des hommes (Carl Joseph Mausbach, théologien et homme politique) ». Le Vatican s'en mêle et l'Association des femmes catholiques allemandes ne peut réellement commencer à fonctionner qu'un an plus tard. Albertine Badenberg devient membre de son Conseil d'administration et fonde en 1909 une association locale à Steele, qui obtient immédiatement 180 adhésions. En 1910, elle est trésorière nationale du KDFB et, jusqu'en 1936, elle élabore des stratégies financières innovantes comme l'organisation de loteries, pour permettre, entre autres, la construction d'écoles pour les femmes. En 1917, il y a plus de 300 sections locales de l'Association des femmes catholiques[2],[4].

Droit de vote des femmes[modifier | modifier le code]

Jusqu'en 1918, Albertine Badenberg ne s'exprime pas clairement sur le sujet du droit de vote des femmes. Le sujet est controversé et le reste, même après la guerre. En octobre 1918, Ellen Ammann, Minna Bachem-Sieger et Albertine Badenberg se prononcent pour une prise de position rapide de l'Association en faveur du droit de vote des femmes, tandis que d'autres s'y opposent ou, comme Hedwige Dransfeld souhaitent conserver une position neutre. Le conseil d'administration prend cependant l'initiative de discuter de la question avec le parti politique Zentrum, proche de l'Église catholique en Allemagne. Celui-ci qui ne songe même pas encore à inclure les femmes, voire envisage de dissoudre les organisations de femmes centristes qui se sont créées, ne réagit pas. Le 12 novembre, le Conseil des représentants du peuple proclame le même suffrage universel, secret, direct, pour tous les hommes et femmes âgés d'au moins 20 ans. Le parti Zentrum demande alors à l'Association des femmes catholiques de coopérer. Celle-ci assume alors la responsabilité de « l'éducation politique des femmes ». Au cours de l’année suivante, marquée par la révolution de 1918-1919, les deux organisations mènent une campagne étroitement coordonnée[4].

En 1917, elle suspend son travail d'enseignante pour travailler à plein temps pour le KDFB comme secrétaire générale jusqu'en 1921[4]. Cette année-là, elle retourne à l'enseignement et devient directrice adjointe d'une école en 1922.

Députée au Parlement prussien[modifier | modifier le code]

Albertine Badenberg rejoint le Parti du Centre et devient membre de l'exécutif régional, de l'exécutif de district et de l'exécutif local du parti. Elle se présente aux élections au Parlement prussien en 1919 mais n'est pas élue. Elle est élue en décembre 1924, membre du Parlement prussien (Preußischer Landtag), pour la circonscription électorale de Düsseldorf-Est. « Je m'intéressais principalement aux questions d'école, aux questions d'égalité des droits, aux salaires des hommes et des femmes, même si j'ai toujours défendu le principe selon lequel l'égalité des salaires ne doit pas être comprise de manière schématique. ». Le Landtag est dissout en octobre 1933 en même temps que le Reichstag[2],[5],[6].

Après la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

L'Association des enseignantes catholiques (VkdL) ferme ses portes en 1937 après que la Gestapo ait confisqué les locaux de son siège social à Berlin-Steglitz. Après 1945, Albertine Badenberg s'engage dans la refondation de l'Association des enseignants catholiques et, en 1949, l'association établit son nouveau siège social à Essen[7].

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

  • Une rue d'Essen est nommée en son honneur[8].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Elisabeth Prégardier, « Vorkämpferin der katholischen Frauenbewegung », Christen an der Ruhr, Alfred Pothmann,‎ , p. 58-67
  • (de) Elisabeth Prégardier, Engagiert Drei Frauen aus dem Ruhrgebiet: Albertine Badenberg Helene Weber Antonie Hopmann, Plöger Medien, , 80 p. (ISBN 3898571718)
  • (de) Karlheinz H. Keukens, « Albertine Badenberg - eine Frauenrechtlerin aus Steele », Stela historica, no 7,‎ , p. 15-20

Références[modifier | modifier le code]

  1. Barbara Kloubert (compiler), « Albert Badenberg », Memorial ID 183984305, Essen-Steele katholischer Friedhof Laurentiusweg, find-a-grave (consulté le )
  2. a b c d e f g h et i (de) Susanne Abeck, « Albertine Badenberg / 1865 – 1958 : "Männer wollten damals mutlos werden3 », sur Frauen/Ruhr/Geschichte (consulté le )
  3. (de) Birgit Sack, Zwischen religiöser Bindung und moderner Gesellschaft, Waxmann Verlag (ISBN 978-3-8309-5593-1, lire en ligne), p. 411
  4. a b et c (de) Gisela Breuer, Frauenbewegung im Katholizismus: der Katholische Frauenbund 1903-1918, Campus Verlag, (ISBN 978-3-593-35886-4, lire en ligne)
  5. Reinhard Sturm, « Zerstörung der Demokratie 1930-1933 », Der Börsencrash läutet das Ende der Weimarer Republik ein. 1928 noch eine Splitterpartei, wandelt sich die NSDAP unter der Führung Adolf Hitlers zur Massenbewegung, die 1933 die Macht in Deutschland übernimmt und fortan jede demokratische Grundlage vernichtet., Bundeszentrale für politische Bildung, Bonn, (consulté le )
  6. (de) Siegfried Heimann, Der Preussische Landtag 1899-1947: eine politische Geschichte, Ch. Links Verlag, (ISBN 978-3-86153-648-2, lire en ligne)
  7. Elisabeth Peerenboom (Pressemitteilung), « Seit 60 Jahren in Essen zu Hause », Bundesgeschäftsstelle des Vereins katholischer deutscher Lehrerinnen setzt sich seit seiner Verbandsgründung für die Interessen der lehrenden Frauen ein, Berlin, Christlicher Gewerkschaftsbund Deutschlands (Informationsdienst des CGB), 11/2009, (consulté le ), p. 2
  8. « Albertine-Badenberg-Weg in Essen », Das Straßenverzeichnis für Deutschland, Österreich und die Schweiz (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]